Salomé, reine d’Angleterre : destins esthétiques de la Salomé d’Oscar Wilde (Aubrey Beardsley, Charles Bryant, Ken Russell)

En 1893, Oscar Wilde publie Salomé, sa première pièce écrite en français. De sa Judée natale aux confins occidentaux, Salomé se pare, sous la plume du dramaturge anglais, des sept voiles qui feront sa fortune d’icône voluptueuse autant qu’infernale. Personnage hautement ambivalent, elle incarne ces...

Full description

Saved in:
Bibliographic Details
Main Author: Tristan Grünberg
Format: Article
Language:English
Published: Presses Universitaires de la Méditerranée 2011-03-01
Series:Cahiers Victoriens et Edouardiens
Online Access:https://journals.openedition.org/cve/2193
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!
_version_ 1832581273187516416
author Tristan Grünberg
author_facet Tristan Grünberg
author_sort Tristan Grünberg
collection DOAJ
description En 1893, Oscar Wilde publie Salomé, sa première pièce écrite en français. De sa Judée natale aux confins occidentaux, Salomé se pare, sous la plume du dramaturge anglais, des sept voiles qui feront sa fortune d’icône voluptueuse autant qu’infernale. Personnage hautement ambivalent, elle incarne ces valeurs chères à l’Esthétisme britannique, cultivant le goût du paradoxe, de la métamorphose, de l’ambiguïté morale et sexuelle. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle s’impose à l’imaginaire des artistes qui tenteront de lui donner un visage, tel Aubrey Beardsley, dessinant en noir et blanc les contours énigmatiques et changeants de la danseuse biblique. Le contraste de ces valeurs, du blanc virginal aux ténèbres démoniaques, et son inévitable renversement, inspirera d’ailleurs à Charles Bryant une adaptation cinématographique de la pièce en 1923. Porté par l’interprétation tour à tour sensuelle et féroce d’Alla Nazimova, le film oscille entre nostalgie et avant-garde, hanté par les dialogues de Wilde, les décors et les créatures de Beardsley. Mais le cinéma vient ici ajouter sa pierre à l’édifice esthétique, créant, par le cadrage, le montage, les fondus enchaînés et les surimpressions, des images à la fois énigmatiques et révélatrices, dignes héritières des rêveries, parfois cauchemardesques, qu’a su produire l’Angleterre de la fin du xixe siècle. Et lorsque, près d’un siècle après sa première représentation, Ken Russell choisit à son tour d’adapter la dernière danse de Salomé, c’est à une véritable traversée de l’autre côté du miroir qu’il nous convie où s’installe la transgression, effaçant les limites entre la scène et la salle, le jeu et la vie, l’artifice et la réalité, ambivalence fondamentale de l’Esthétisme. De la pièce de Wilde aux gravures de Beardsley, de l’adaptation de Bryant à la mise en abîme de Russell, Salomé aux multiples visages survit et se métamorphose, éternelle revenante, prouvant ainsi la capacité de l’Esthétisme britannique à forger ses propres mythes, évidemment décadents.
format Article
id doaj-art-ef30ab9ccddc47af8591ee1daaf41f52
institution Kabale University
issn 0220-5610
2271-6149
language English
publishDate 2011-03-01
publisher Presses Universitaires de la Méditerranée
record_format Article
series Cahiers Victoriens et Edouardiens
spelling doaj-art-ef30ab9ccddc47af8591ee1daaf41f522025-01-30T10:21:34ZengPresses Universitaires de la MéditerranéeCahiers Victoriens et Edouardiens0220-56102271-61492011-03-017316517810.4000/cve.2193Salomé, reine d’Angleterre : destins esthétiques de la Salomé d’Oscar Wilde (Aubrey Beardsley, Charles Bryant, Ken Russell)Tristan GrünbergEn 1893, Oscar Wilde publie Salomé, sa première pièce écrite en français. De sa Judée natale aux confins occidentaux, Salomé se pare, sous la plume du dramaturge anglais, des sept voiles qui feront sa fortune d’icône voluptueuse autant qu’infernale. Personnage hautement ambivalent, elle incarne ces valeurs chères à l’Esthétisme britannique, cultivant le goût du paradoxe, de la métamorphose, de l’ambiguïté morale et sexuelle. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle s’impose à l’imaginaire des artistes qui tenteront de lui donner un visage, tel Aubrey Beardsley, dessinant en noir et blanc les contours énigmatiques et changeants de la danseuse biblique. Le contraste de ces valeurs, du blanc virginal aux ténèbres démoniaques, et son inévitable renversement, inspirera d’ailleurs à Charles Bryant une adaptation cinématographique de la pièce en 1923. Porté par l’interprétation tour à tour sensuelle et féroce d’Alla Nazimova, le film oscille entre nostalgie et avant-garde, hanté par les dialogues de Wilde, les décors et les créatures de Beardsley. Mais le cinéma vient ici ajouter sa pierre à l’édifice esthétique, créant, par le cadrage, le montage, les fondus enchaînés et les surimpressions, des images à la fois énigmatiques et révélatrices, dignes héritières des rêveries, parfois cauchemardesques, qu’a su produire l’Angleterre de la fin du xixe siècle. Et lorsque, près d’un siècle après sa première représentation, Ken Russell choisit à son tour d’adapter la dernière danse de Salomé, c’est à une véritable traversée de l’autre côté du miroir qu’il nous convie où s’installe la transgression, effaçant les limites entre la scène et la salle, le jeu et la vie, l’artifice et la réalité, ambivalence fondamentale de l’Esthétisme. De la pièce de Wilde aux gravures de Beardsley, de l’adaptation de Bryant à la mise en abîme de Russell, Salomé aux multiples visages survit et se métamorphose, éternelle revenante, prouvant ainsi la capacité de l’Esthétisme britannique à forger ses propres mythes, évidemment décadents.https://journals.openedition.org/cve/2193
spellingShingle Tristan Grünberg
Salomé, reine d’Angleterre : destins esthétiques de la Salomé d’Oscar Wilde (Aubrey Beardsley, Charles Bryant, Ken Russell)
Cahiers Victoriens et Edouardiens
title Salomé, reine d’Angleterre : destins esthétiques de la Salomé d’Oscar Wilde (Aubrey Beardsley, Charles Bryant, Ken Russell)
title_full Salomé, reine d’Angleterre : destins esthétiques de la Salomé d’Oscar Wilde (Aubrey Beardsley, Charles Bryant, Ken Russell)
title_fullStr Salomé, reine d’Angleterre : destins esthétiques de la Salomé d’Oscar Wilde (Aubrey Beardsley, Charles Bryant, Ken Russell)
title_full_unstemmed Salomé, reine d’Angleterre : destins esthétiques de la Salomé d’Oscar Wilde (Aubrey Beardsley, Charles Bryant, Ken Russell)
title_short Salomé, reine d’Angleterre : destins esthétiques de la Salomé d’Oscar Wilde (Aubrey Beardsley, Charles Bryant, Ken Russell)
title_sort salome reine d angleterre destins esthetiques de la salome d oscar wilde aubrey beardsley charles bryant ken russell
url https://journals.openedition.org/cve/2193
work_keys_str_mv AT tristangrunberg salomereinedangleterredestinsesthetiquesdelasalomedoscarwildeaubreybeardsleycharlesbryantkenrussell