Économie et patrimonialisation

Les savoirs techniques et relationnels, considérés dans un sens large, constituent la substance même des patrimoines. Dans une époque profondément marquée par le commerce des valeurs sociales et par la privatisation des connaissances et du vivant, les biens patrimoniaux et, plus précisément, les pro...

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Main Author: Thierry Linck
Format: Article
Language:fra
Published: Réseau Développement Durable et Territoires Fragiles 2012-12-01
Series:Développement Durable et Territoires
Subjects:
Online Access:https://journals.openedition.org/developpementdurable/9506
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author Thierry Linck
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description Les savoirs techniques et relationnels, considérés dans un sens large, constituent la substance même des patrimoines. Dans une époque profondément marquée par le commerce des valeurs sociales et par la privatisation des connaissances et du vivant, les biens patrimoniaux et, plus précisément, les processus de patrimonialisation qui permettent d'en aborder l'étude, sont des objets que l'économie ne peut plus ignorer. La marchandisation est présentée ici comme une modalité particulière de patrimonialisation : elle porte sur des ressources collectives complexes qui ont vocation à être mobilisées pour produire la société et construire son rapport à la nature et qui, par là, « font patrimoine ». Mais en les dissociant des trames cognitives qui leur donnent sens, elle les dénature, détourne les fonctions qu'elles assument et altère les modalités de leur appropriation collective. Nous verrons que l'appropriation ouvre un champ problématique qui échappe largement à une discipline encore trop étroitement structurée par le dogme de la rationalité individuelle. Nous montrerons ainsi que l'appropriation collective repose sur un double principe, d'exclusion et de distribution inégale des capacités individuelles d'usage et de gestion des ressources communes, que l'économie n'est, pour le moment, pas en mesure d'intégrer. Notre argumentaire sera illustré par une réflexion sur les dynamiques qu'alimente la recomposition des modalités d'appropriation des terres d'usage collectif. Il trouvera un prolongement dans les questionnements qu'ouvre la marchandisation des réputations, des représentations et des valeurs dans les démarches de qualification de l'origine.The technical and relational knowledge considered in the broad sense, form the true essence of the patrimonies. In societies profoundly marked by the business of social values and by the privatization of knowledge and life, the patrimony and its appropriations are objects that economy cannot ignore any more. The commoditization is presented here as a particular form of heritage. It bears the ownership of collective and complex resources that are intended to produce society and build its relationship with nature. But by separating knowledge from the cognitive wefts which give it meaning, it distorts and hijacks it from the functions that it should assume. We shall show that the collective appropriation is based on a double principle, of exclusion and uneven distribution of the individual capacities of usage and management of the common resources, that economy is unable to integrate. Our argument will be illustrated by a study on the modalities of appropriation of the lands of collective use. It will find a continuation in the questioning which opens the commoditization of reputation, representations and social values in the origin qualification processes
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institution Kabale University
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publisher Réseau Développement Durable et Territoires Fragiles
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