Faire de la non-fiction une profession de foi litteraire et politique : fabrique d’une œuvre « braconne », construction d’une posture auctoriale et usages litteraires stratégiques de la sociologie par Annie Ernaux
Cet article interroge les usages de la non-fiction dans l’œuvre autosociobiographique d’Annie Ernaux, Prix Nobel de Littérature en 2022, et les enjeux littéraires et politiques du brouillage des frontières entre littérature et sociologie qu’elle recèle. Du « je transpersonnel » de La Place (Gallima...
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| Main Author: | |
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| Format: | Article |
| Language: | Russian |
| Published: |
Yuriy Fedkovych Chernivtsi National University
2024-12-01
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| Series: | Pitannâ Lìteraturoznavstva |
| Subjects: | |
| Online Access: | http://pytlit.chnu.edu.ua/article/view/321164 |
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| author | Ізабель Шарпантьє |
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Cet article interroge les usages de la non-fiction dans l’œuvre autosociobiographique d’Annie Ernaux, Prix Nobel de Littérature en 2022, et les enjeux littéraires et politiques du brouillage des frontières entre littérature et sociologie qu’elle recèle. Du « je transpersonnel » de La Place (Gallimard, 1984) à « l’autobiographie collective » Les Années (Gallimard, 2008), en passant par ses « journaux extimes » qualifiés d’« ethnotextes », l’écrivaine a progressivement construit une posture auctoriale distinctive où elle se veut « ethnologue d’elle-même » et de la vie quotidienne « d’en bas », celle de son milieu social populaire d’origine, en quête constante de la forme « juste » pour de tels récits. Sociologiquement instruite, cette démarche littéraire singulière, marquée par le double refus de l’écueil misérabiliste comme de la posture populiste, mais aussi par le souci constant d’encadrer sa propre réception, vise à objectiver sa trajectoire de migration sociale ascendante et celles de ses semblables sociaux, dans un style minimaliste, volontairement dépouillé, ostensiblement économe de moyens et d’effets littéraires, souvent qualifié par la critique littéraire d’écriture « plate » ou « blanche ». Opposant le souci de la « vérité » au mouvement de l’autofiction auquel des contresens la rattachent encore parfois, l’autrice, qui conçoit la littérature comme une « arme de combat » politique, a ainsi initié une forme spécifique d’autosociobiographie, qui n’est pas sans risque quant à sa reconnaissance dans le champ littéraire français contemporain.
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| institution | Kabale University |
| issn | 2306-2908 |
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| publishDate | 2024-12-01 |
| publisher | Yuriy Fedkovych Chernivtsi National University |
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| series | Pitannâ Lìteraturoznavstva |
| spelling | doaj-art-550e371e37b746ea95e460164f79b6372025-01-25T13:05:09ZrusYuriy Fedkovych Chernivtsi National UniversityPitannâ Lìteraturoznavstva2306-29082024-12-0111010.31861/pytlit2024.110.391Faire de la non-fiction une profession de foi litteraire et politique : fabrique d’une œuvre « braconne », construction d’une posture auctoriale et usages litteraires stratégiques de la sociologie par Annie ErnauxІзабель Шарпантьє0Université de Picardie – Jules Verne Cet article interroge les usages de la non-fiction dans l’œuvre autosociobiographique d’Annie Ernaux, Prix Nobel de Littérature en 2022, et les enjeux littéraires et politiques du brouillage des frontières entre littérature et sociologie qu’elle recèle. Du « je transpersonnel » de La Place (Gallimard, 1984) à « l’autobiographie collective » Les Années (Gallimard, 2008), en passant par ses « journaux extimes » qualifiés d’« ethnotextes », l’écrivaine a progressivement construit une posture auctoriale distinctive où elle se veut « ethnologue d’elle-même » et de la vie quotidienne « d’en bas », celle de son milieu social populaire d’origine, en quête constante de la forme « juste » pour de tels récits. Sociologiquement instruite, cette démarche littéraire singulière, marquée par le double refus de l’écueil misérabiliste comme de la posture populiste, mais aussi par le souci constant d’encadrer sa propre réception, vise à objectiver sa trajectoire de migration sociale ascendante et celles de ses semblables sociaux, dans un style minimaliste, volontairement dépouillé, ostensiblement économe de moyens et d’effets littéraires, souvent qualifié par la critique littéraire d’écriture « plate » ou « blanche ». Opposant le souci de la « vérité » au mouvement de l’autofiction auquel des contresens la rattachent encore parfois, l’autrice, qui conçoit la littérature comme une « arme de combat » politique, a ainsi initié une forme spécifique d’autosociobiographie, qui n’est pas sans risque quant à sa reconnaissance dans le champ littéraire français contemporain. http://pytlit.chnu.edu.ua/article/view/321164Ernaux (Annie)autosociobiographielittérature et sociologienon-fiction et littéraritérécits de transfuges de classeposture auctoriale |
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