« Retourner à la terre » au Québec en 2023 : un déplacement de la protestation

À partir de l’étude de cas du « retour à la terre » contemporain au Québec, cet article tente de dévoiler les espoirs, les contraintes et les contradictions d’une vie plus sobre. En s’attachant à dépeindre ses ruptures et ses continuités avec le mouvement des années 1960, il vise à répondre aux ques...

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Main Author: Mélissa Moriceau
Format: Article
Language:fra
Published: INRS - Centre Urbanisation Culture Société 2024-01-01
Series:Lien Social et Politiques
Subjects:
Online Access:https://doi.org/10.7202/1115792ar
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Description
Summary:À partir de l’étude de cas du « retour à la terre » contemporain au Québec, cet article tente de dévoiler les espoirs, les contraintes et les contradictions d’une vie plus sobre. En s’attachant à dépeindre ses ruptures et ses continuités avec le mouvement des années 1960, il vise à répondre aux questions suivantes : comment prennent forme ces projets de vie agricole, plus sobre et plus proche de la terre ? Quels sont les espoirs, difficultés et contradictions qui caractérisent le mouvement actuel ? C’est avec une partie des représentants du « retour à la terre » d’aujourd’hui que je propose de répondre à cette question : les nouveaux agriculteurs de « première génération », non issus du milieu et ayant choisi de bifurquer vers l’agriculture. L’enquête repose sur un corpus de 61 entrevues semi-dirigées auprès de ces néo-agriculteurs québécois, aujourd’hui maraîchers, éleveurs ou acériculteurs. Les résultats montrent que, par rapport au précédent mouvement, le « retour à la terre » actuel a subi deux transformations majeures. Le projet d’émancipation du système est devenu un projet à dominante professionnelle permettant de construire et de s’épanouir au sein de sa propre entreprise. Il s’effectue dans, et non plus hors de la société : les néo-agriculteurs cherchent à s’intégrer, acceptent les aides de l’État et choisissent l’exemplarité comme forme de militantisme. Soumis à des impératifs économiques pour pérenniser l’installation, ces projets de retour, en collaborant avec le « système », sont révélateurs d’un déplacement de l’utopie anti-institutionnelle initiale.
ISSN:1204-3206
1703-9665